POM - ft jackson graves

Jackson Graves a écrit:

Une disparition suite à un accident de voiture n’est pas un dossier prioritaire. C’est dans la nature humaine de vouloir fuir les conséquences de ses actes, de se terrer comme un rat après avoir commis une erreur. Plus d’un chauffard abandonne sa voiture en miettes dans le fossé ou autour d’un arbre; y laisser sa femme et sa fille reste plus anecdotique. Le fichier central ne dépeint pas Simon Trumpet comme un homme dangereux, pas même un camé ou un pauvre type paumé. Un homme moyen, coincé dans une vie moyenne, où ses seules transgressions se résument à quelques amendes pour stationnement et un excès de vitesse. Il représente à lui seul la monotonie de la vie texane et, sans Jackson, l’enquête piétinerait.

On est jamais mieux servi que par soi-même. Faire le boulot des autres est devenu une habitude, si Jackson veut que les choses soient faites correctement. Les inspecteurs de la police de Clifton sont constamment sous l’eau, dépêchés sur les meurtres qui ensanglantent la ville et abreuvent le désert. Les cadavres poussent plus vite que des pâquerettes et Graves sait que ce n’est qu’une question de temps avant que le père de famille ne soit retrouvé dans le désert. Puisque le flic l’a déjà vu, cet abruti, sur le siège passager d’une camaro. Mauvaise fréquentation d’un certaine Medina et certainement d’autres Pobre Diablo, à qui Simon doit tenter d’échapper. Idiot, trempé dans des histoires louches et lâche, en plus de ça.

La portière de sa voiture claque - un tacot plus vieux que lui, mais il ne serait pas convenable d’emprunter le seul SUV de la brigade pour une simple visite à Madame Bridgers. Les gyrophares fonctionnent toujours, c’est déjà ça, mais les courses poursuites se complexifient avec les années. Une chance pour Jax Graves, son témoin principal n’ira nulle part - les rescapés se lancent rarement dans des fuites qu’ils perdront à coup sûr. « Madame Bridgers ? Police. » s’annonce-t-il à la porte, après y avoir toqué deux coups. Personne pour l’accueillir sur le palier, à peine une voix étouffée dans le salon qui le prie de la rejoindre. Il a le bon goût de taper ses bottes sableuses sur le seuil, pour ne pas dégueulasser l’entrée, avant de pousser la porte. Une main repose sur sa ceinture, où s’accrochent son arme de service, sa radio, et le reste de son attirail - on est jamais trop prudent, dans cette ville. Clifton est pire que San José, à bien des égards. Moins de gangs, certes, mais surtout moins de flics au mètre carré et l’impunité dont jouissent les Bloody et les Pobre inscrit une cible dans le dos de tout ce qui porte un uniforme.

« Madame Bridgers. Agent Graves, nous nous sommes brièvement vus, l’autre jour. » Sur le bord de la route, quand les lumières de sa voiture de patrouille se mêlaient à celles des ambulances. Il jette un œil à la ronde, tend l’oreille mais aucune autre âme ne semble habiter les lieux. Elle a bien une gamine, présente avec elle lors des faits, et une sœur - c’est inscrit dans son dossier. Sûrement la fameuse sœur qui a repeint les murs, s’il en croit l’odeur résiduelle de peinture alors que Mara vient de sortir de l’hôpital. « Non, merci. » Il s’en est enfilé trois dans la matinée, son cœur ne le remercie pas. « Restez assise, ça ne sera pas long. » La concision est une de ses qualités puisque, à chaque minute qui passe, Simon Trumpet s’enfonce dans sa vie de fugitif ou se fait torturer par plus fort que lui. « Vous avez le temps de répondre à quelques questions ? »

avec @"Mara Bridgers"

Elle re rassit instantanément et lourdement sur le fauteuil lorsque le policier devant elle lui donna l'autorisation. Elle se souvenait vaguement d'avoir vu son visage à l'hôpital, entre deux interventions, mais le souvenir semblait très flou. Tout lui semblait en réalité très flou depuis un petit moment. Mara essaya de se positionner du mieux qu'elle le pouvait dans le fauteuil même si son corps entier transpirait le mal-être. Elle lui présenta le canapé près d'elle d'un signe de la main, un main tremblotante et porta toute son attention sur ce qui allait maintenant se passer. Si c'était une mauvaise nouvelle, elle aurait pris un air grave, et sa voix aurait emplie de peine. Si c'était une bonne nouvelle, il n'aurait jamais été aussi calme et il n'aurait pas fait durer le suspens. L'agent qu'elle avait devant elle était là pour autre chose. Une chose qui avait un lien avec l'accident de voiture, et surtout avec son conducteur. Simon.

- J'ai tout mon temps en ce moment.

Bridgers essaya de se remémorer. En attendant qu'il lui pose ses fameuses questions, elle essaya de remonter le cours du temps, juste avant l'impact routier. Mais rien ne lui venait. Rien de concluant. Elle remonta alors beaucoup plus loin, au moment où les choses ont commencé à se foutre en l'air. Mara espérait que ce ne soit pas des questions trop personnelles sur la vie de Simon. Du genre, où il pourrait se trouver, ou quels étaient ses collègues ou ses passe-temps. Elle n'en savaient strictement rien. Cela faisait quelques années qu'elle ne s'intéressait plus vraiment à son agenda. Elle avait lâché l'affaire le jour où elle avait compris que même s'il annonçait une heure de retour à la maison, ce n'était pas une promesse. C'était juste une information qui pouvait être caduque trente secondes après. Elle lissait son pantalon de nervosité. Au fond, elle était anxieuse d'affronter, un bien grand mot pour quelques questions, toute seule mais elle voulait épargner à Joy la vision de policiers dans sa maison alors qu'elle était encore jeune. Elle était encore si innocente. Et l'innocence est rare et précieux à cet âge-là. C'est comme croire au Père Noël. Une fois qu'on connait la supercherie, le monde de l'enfance s'écroule et le monde des responsabilités arrive. Il s'était à peine passer quelques secondes après qu'elle se soit tue, qu'elle se remis à parler doucement.

- Je suppose que les questions doivent porter sur Simon ? Car en ce qui concerne l'accident rien ne m'est revenu malheureusement.

Mara n'était même pas sûre d'avoir une photo récente de Simon si on venait à lui demander pour des recherches. Elle n'était même pas sûre de vouloir être coopérative et de vouloir qu'on le retrouve. Elle essaie d'inculquer à sa fille le célèbre proverbe que sa grande sœur lui a enseigné, "mieux vaut être seule que mal accompagnée". Même si la jeune Bridgers avait préféré la simplicité et de pas éclater le foyer qu'elle avait construit avec Simon car il restait néanmoins le père de sa fille. Et il ne l'avait pas abandonné lorsqu'elle était tombée enceinte de lui sans le connaître depuis des années. Il avait été son alter ego mais ne pourrait plus jamais l'être. Son téléphone portable se mis à vibrer près d'elle. Un nom amical s'était affiché sur l'écran verrouillé. Elle le pris dans les mains, les yeux humidifiés par le stress et la voix tremblotante et coupa le vibreur pour se recentrer sur le policier devant elle.

Une présence policière dans une maison n'est jamais réellement rassurante et sereine. Même lorsqu'on se porte en tant que victime. En réalité, on associe toujours les fédéraux aux mauvais évènements, aux mauvaises situations, aux mauvais rôles. Ils ne sont jamais là au bon moment, ils ne vont jamais assez vite, ils ne sont jamais assez efficace. Le mot jamais revient souvent quand on parle d'eux. Mara avait presque jamais eu à faire avec la police et en était toujours restait loin. Cela prouvait au monde qu'elle n'avait pas de problèmes, du moins en apparence. Il sortit son calepin, des yeux bleus vinrent directement se poser dessus et le fixer. Mara se sentit mal à l'aise à l'idée que chaque mot qu'elle pourrait dire soit retranscrit sur du papier. Il y a un pas entre raconter son histoire et savoir qu'il existe une trace qui ne pourra jamais disparaitre. Comme Simon qui ne disparaitra jamais réellement tant que cette histoire ne sera pas bouclée. Aussi bien par la police que par Bridgers. Rien qu'en entendant le mot "conjoint", elle se sentit frissonner de stress. Elle ravala sa salive, elle tâcha de se redresser un peu et de reprendre ses esprits pour essayer d'être le plus clair possible.

Ce n'était pas la personne la plus sereine face au stress et aux conditions inhabituelles. Elle avait besoin de se créer un petit cocoon plein de routines et de bonnes ondes. De ne pas être trop perturbée. Pas comme ces dernières semaines en résumé. Mara était optimiste, voyait la vie du bon côté mais un retournement de situation pouvait également lui retourner totalement la tête.

- Depuis l'accident ? Je n'ai eu aucune nouvelle de Simon, rien.

C'était un accident. Ce ne pouvait pas être autre chose. Il ne pouvait pas avoir voulu faire plonger Mara et sa fille. La chair de sa chair. Ce n'était pas concevable dans l'esprit de Mara. Personne ne pouvait imaginer porter atteinte à la vie d'un enfant, et surtout le sien. Quand elle voyait aux informations, les faits divers en lien avec des crimes infantiles, cela la mettait hors d'elle, elle pourrait combattre le monde entier pour que cela cesse. Surtout depuis que Joy faisait partie de sa vie. Elle croisa le regard le regard de l'agent Graves. Son cerveau s'éclaira d'un seul coup. Comme si elle avait été endormie pendant tout ce temps, des œillères qui venaient de s'ouvrir. Le policier devant elle cherchait Simon mais pas pour les mêmes raisons que Mara. Il le pensait certainement vivant et coupable de quelque chose qu'elle ignorait.

L'argent. L'argent n'avait jamais été réellement un sujet tabou et de disputes dans le couple. Ses absences répétées étaient le principal sujet de discussion et de réprimandes dans la maison. Simon avait toujours tout gérer dans la maison, du moins en grande partie. Il s'était attribué ce rôle à la naissance de Joy, quand Mara avait souhaité s'occuper de leur enfant à 100% pendant quelques mois avant de reprendre le travail. Elle s'en était voulu à elle-même de ne pas être la femme aussi indépendante qu'elle l'aurait souhaité. Mais le bonheur de la maternité faisait tout oublier.

- Agent Graves, je ne suis pas stupide. Qu'est-ce que vous insinuez . Qu'est-ce que vous voulez me faire dire depuis que vous avez passé la porte d'entrée ?

L'attitude fermée de Mara avait changé. Elle se sentait moins enfermée qu'il y a dix minutes, moins impressionnée. Ses yeux bleus vinrent soutenir le regard de l'officier de police qui se tenait près d'elle. Elle ne mentirait jamais, ce n'était pas dans son éducation, ce n'était pas dans ses habitudes. Elle n'avait jamais appris et ne savait pas mentir. Cela se lisait sur son visage.

- Cela va peut-être vous étonner, je ne sais pas quelle vision vous avez de moi mais Simon gérait tout ce qui était chiffres à la maison. De quels emprunts vous parlez ? Normalement on emprunte pour une maison, une voiture, éventuellement un nouveau four, je n'ai rien vu de toute ça et je pense que vous devez le savoir. C'est quoi aussi cette histoire de dette d'argent ? Agent Graves, voudriez vous bien vous montrer plus clair ?

Elle se tut après son monologue et continua de fixer l'homme qu'elle avait sous ses yeux. Mara n'aurait fait peur à personne, elle n'aurait même pas intimider une petite souris, mais elle voulait des explications. Elle ne voulait y voir plus clair, elle voulait comprendre et elle avait l'étrange intuition que le policier avait la réponse à l'étrange comportement dont Simon avait fait preuve depuis des mois facilement. Ce sera certainement également la réponse à où se trouvait il en ce moment et pourquoi il n'était pas à ses côtés en ce moment.