MARA BRIDGERS (peace of mind)

a commencé des études juridiques sans les finir - ancienne assistante du maire de la ville voisine de Clifton - croit en la puissance des étoiles filantes - parle couramment espagnol - déléguée au parent d'élève assidue - croit au karma - ses yeux sont le reflet de son âme - a passé ses étés à travailler dans un ranch plus jeune - balance, ne prend jamais la bonne décision - court après l'amour - ne sait pas monter à cheval - ne sait pas nager

MPL - DIMANCHE ☆ ☆ ☆

! TW. VIOLENCES ! – SIMON – MARA – ABIGAIL – JOY

L'air chaud et lourd était typique des soirs d'été texans. La soleil orange était entrain de descendre pour laisser place à une nuit claire mais toute aussi chaude que la journée qu'elle précédait. Mais les habitants du coin étaient habitués, les grands-mères avec leur éventail, les grands-pères avec leur chapeau et juste leur marcel délavé, les enfants qui pataugent dans les abreuvoirs des chevaux et Mara allongée dans un champ tout près de la ville où elle avait passé la majeure partie de son enfance. La partie heureuse. Les yeux fermés, les cheveux totalement emmêlés avec quelques épis de blé coincés, son souffle était lent. Si lent que quelqu'un cru voir la mort de loin. Elle avait besoin de solitude, même si elle passait ses journées seule, pour réfléchir et recharger ses batteries. Elle avait besoin de s'évader, de faire appel à son caractère de rêveuse, s'imaginer autre part avec une autre vie. Une autre vie qui mettrait toujours en scène Abigail. De pas se firent entendre, de grandes enjambées lentes. Elle ne prit pas la peine de soulever les paupières immédiatement et attendit que la grande silhouette viennent s'allonger à ses côtés pour tourner la tête et dévoiler ses grands yeux bleus.

– Tu sais, tu n'as pas à te forcer.

Ses yeux bleus brillèrent, ce n'étaient pas des larmes mais seulement de l'émotion. Mara avait du mal à imaginer que des gens puissent apprécier sa compagnie même si son entourage plus que restreint la considérer comme un rayon de soleil. Elle détourna son regard vers le ciel, dans l'attente de voir les étoiles apparaître et que les filantes fassent le show. Le dos d'une main vint doucement se poser sur sa joue. Mara frissonna à ce contact. Ses yeux se fermèrent. Elle prit une grande respiration. Ses yeux se réouvrirent.

– Jamais je ne me forcerais avec toi. Jamais.

Une larme salée glissa sur sa joue de porcelaine. Son souffle devint plus saccadée comme si sa trachée était coupée. Il lui disait absolument ce qu'elle avait besoin, ce qu'elle voulait entendre. Elle se tourna sur son côté gauche et vint s'envelopper dans ses grands bras qui la collèrent contre son torse. Maintenant, elle se sentait en sécurité. Maintenant, elle se sentait moins seule. Maintenant, elle pouvait aller lui chercher la lune sans qu'il le demande. Des lèvres sèches se posèrent maladroitement sur son front tandis qu'un autre bras lui serra un peu plus la taille. Puis sa bouche s'approcha un peu plus de son oreille dégagée de ses cheveux blonds.

– Il est hors de question que je te laisse partir. Je serais toujours là.
– Promets-le moi.
– A la vie, à la mort.

Simon la serra un peu plus contre lui et ses lèvres ne touchèrent pas son front cette fois mais sa bouche tremblotante. Elle s'apaisa aussitôt, son corps devint plus tendre, plus manipulable. Elle l'aimait, du moins elle l'aimait comme elle s'imaginait l'amour. Ressentir le manque d'une personne, se calmer une fois dans ses bras, recevoir de l'attention, devenir le diamant de quelqu'un. Comme une enfant pour ses parents sans le côté charnel. Dans son cas, c'était plus comme une enfant pour sa grand-mère. Elle était convaincue que Simon la sauverait, lui ferait oublier ce qu'elle avait pu traverser pendant des années et dont il n'était pas encore au courant. Elle voulait l'enfouir au plus profond d'elle pour que ça ne ressurgisse plus jamais. Mara sentit un poids lourd la tourner sur le dos, ses maigres doigts venir caresser un dos musclé, son souffle devenir un peu plus saccadé pendant plusieurs minutes.

A. WINEHOUSE - BACK TO BLACK
☆ ☆ ☆

Elle traversait la pièce dans la longueur, marchant à pas de velours, les yeux dans le vides, cernés par la nuit blanche qu'elle venait de traverser. Elle balançait ses bras dans lesquels se trouvait une adorable poupée blonde, suçant son pouce, les yeux mi-clos, le tête reposant sur l'épaule de sa mère. Cette dernière vint appuyer son menton sur son front et repris aussitôt ses esprits. Sa peau était brûlante, Joy en couche culotte transpirait comme si elle venait de courir un marathon, à seulement trois ans. Tout en la collant un peu plus contre elle, Mara laissa son dos glisser contre un mur et s'installa en tailleur par terre.

– Ma chérie, on peut plus attendre, on y va.
– Mais … Papa …

Sa voix était tout fluette, presque muette, tremblante. Mara ne pouvait plus attendre que Simon rentre et ne savait absolument pas où le trouver. Il était parti la vieille, dans la soirée, et n'était pas encore rentré au matin, alors que Joy avait enchaîné les montées de température, les pleurs et les vertiges, laissant Mara totalement paniquée. Cette dernière attrapa les clés de leur vieille voiture et installa le siège auto sur le siège passager afin d'avoir sa fille à côté d'elle. L'idée était de garder son calme, de ne pas céder à la panique de voir son enfant dans cet état là et de ne pas céder à la colère d'avoir été abandonnée dans un moment pareil. Ses mains se crispèrent sur le volant, et la conduisirent machinalement au centre médical. Elle sortit de la voiture, tapota machinalement sur un numéro en favori, cala son téléphone entre son épaule et son oreille et attrapa Joy dans ses bras.

– Bee, c'est Joy, ça va pas du tout.
– J'arrive.

Le téléphone se coupa. Mara souffla et ferma les yeux.
Il devait être une heure du matin quand elle descendit de son petit lit et marcha à petit pas vers la porte. L'ouverture grinçante ne réveilla personne, ni même l'ouverture d'une seconde porte, de la chambre juxtaposé. Elle ouvrit avec précaution le mince drap et vint se coller à sa sœur qui se émergea aussitôt. Abigail passa sa main dans les cheveux blonds de sa sœur, lui dégageant le visage et tira son oreiller pour le partager avec elle.

– Tu veux en parler ?
– J'ai cru l'entendre arriver.

Les yeux de Mara étaient encore humides. Même aussi jeune qu'elle était, elle comprenait que certains comportements n'étaient pas normaux. Bee colla son front contre celui de sa sœur et ralentit sa respiration. La jeune fille blonde commença à caler sa respiration sur la sienne afin de se calmer. A chaque fois que leur génitrice franchissait le palier de la maison, Abigail s'arrangeait pour aller faire une balade aux alentours de Clifton ou passait par l'arrière de la maison et se retrouver dehors pour ne pas encore les bouteilles en verre qui claquent. Elle n'avait été confrontée à l'état horrible de sa mère que très peu de fois, les seules fois où elle s'était retrouvée seule dans la maison. Mara assise sur le canapé, avait cru voir un de ces zombies de films d'horreurs qui lui avaient été interdits. Un visage gris, aux traits distendus avec des yeux jaunes incapables de rester ouverts. Ces images étaient gravées dans sa mémoire.
Mara était assise sur un fauteuil aussi dur que le pain qui leur avait été donné. Sa main gauche tenait toujours fermement celle de Joy qui était allongée sur un petit lit médical, un brassard autour de son maigre bras chargé de lui prendre continuellement la tension. Elle semblait plus apaisée qu'il y a quelques heures. Seulement toujours aucune nouvelle de Simon. Alors que Mara devait lui décrire ses moindres faits et gestes, lui pouvait se permettre de naviguer comme bon lui semblait. Elle leva les yeux vers la porte. Elle savait qui était là.

– Je préfère qu'il ne soit pas là plutôt que le subir.

Elle laissa retomber ses yeux sur Joy tandis que Bee s'avançait rapidement de l'autre côté du lit, serrant de sa main droite la main gauche de sa nièce. Elle avait, elle comprenait totalement ce que venait de dire Mara car c'est elle qui lui avait inculqué ça.